ET PAN SUR LE BEC A KITA
Le FC Nantes a gagné à Brest le match qu'il ne fallait pas perdre, surtout pour son entraîneur. Par ses déclarations intempestives proférées après la défaite contre Le Havre, Waldemar Kita avait en effet mis la pression sur Michel Der Zarkarian, à tel point qu'on en était presque revenu à la case départ, au tout début de la saison lorsqu'il souhaitait embaucher Jean Pïerre Papin. Sans Daniel Leclercq, faut il le préciser. La réponse des joueurs avait cloué le bec à Kita, ils avaient écrasé Reims, montrant ainsi qu'ils étaient pour leur part plutôt en accord avec leur entraîneur, lequel avait, il est vrai, contribué à la venue de plusieurs d'entre eux.

La question avant d'aller à Brest était de savoir si les données n'avaient pas changé de façon notable, notamment en raison du remodelage provoqué par le marché d'hiver.

LES CANDIDATS SUCCESSEURS RENVOYES A LEURS ETUDES
Bien sûr, on ne va pas tirer, à partir d'un seul match, des enseignements qui se voudraient définitifs, il n'empêche que Der Zakarian reste pour l'heure forcément le coach du FC Nantes, le résultat de Brest ayant renvoyé à leurs études tous les candidats plus ou moins comiques et surtout probablement incompétents que Kita détient dans sa manche. Il est permis de critiquer Der Zakarian, encore heureux d'ailleurs. Mais ce serait faire preuve d'une inexcusable naïveté de croire qu'un technicien placé sous la botte présidentielle serait susceptible, on n'a même pas écrit capable, de restaurer les valeurs fondamentales du football à la nantaise qui nous manquent tant et que les marchands du temple ne cessent de galvauder depuis que la Socpresse est entrée dans la place.

Maintenant, puisque nous avons parlé « marché d'hiver » et « commerçant », on devine que Christian Larièpe ne va pas manquer de mettre en avant le fait que les deux buts de la victoire à Brest ont été obtenus par deux des derniers arrivants, Faty et Djordjevic.

FATY A REALISE UNE BONNE PRESTATION
Le premier a d'ailleurs réalisé une prestation très intéressante, il a touché et ratissé beaucoup de ballons, faisant preuve d'une bonne lecture du jeu et même si on a noté un excès de précipitation dans certaines de ses actions, son apport a été positif. De plus, il dégage une certaine assurance, ce qui n'avait pas paru évident lorsqu'une semaine plus tôt il avait expédié son penalty dans la tribune de Sedan. Il a certes baissé de pied en fin de rencontre, il ne s'agit toutefois pas d'une anomalie dans la mesure où il a très peu joué depuis qu'il s'était égaré du côté de Cologne. On se montrera moins flatteur à propos de Djordjevic, son but a été joli, et précieux, et c'est au moins ça, il s'est cependant inscrit au milieu d'une prestation d'une grosse vingtaine de minutes assez peu significative, comme les précédentes.

DE FREITAS PARLE DE PLAISIR
Nantes a affiché clairement lundi soir ce qui a fait sa force durant la première partie du championnat : son esprit de corps, sa solidarité, valeurs que nous avons souvent mises en relief et qui à l'heure des commentaires furent soulignées par David De Freitas. Mais l'ancien Amiénois, impeccable cette fois encore, tint à retenir qu'elles ne constituent pas tout, il évoqua aussi le plaisir de jouer, de s'amuser, de construire, notions trop souvent oubliées par les techniciens conformistes qui sévissent dans le football hexagonal. Plaisir qu'il assura avoir trouvé lors de plusieurs séquences de jeu échafaudées sur la pelouse brestoise.

Ce sentiment fut palpable au cours de la première demi-heure que les Canaris dominèrent assez largement. Ils avaient empoigné le match par le bon bout et dès la 5è minute Aurélien Capoue marqua de la tête un but qui fut annulé pour un hors jeu très discutable. Beaucoup d'arbitres l'auraient même validé.

RETOUR A UN SCHEMA PLUS CLASSIQUE
Capoue évoluait dans un rôle assez inédit pour lui d'attaquant libre, en soutien de Bagayoko. Da Rocha et Babovic occupaient les côtés, le second se tenant dans le couloir gauche, zone de terrain qui est celle lui convenant le mieux, du moins si on se fie à ses différentes exhibitions depuis qu'il est à Nantes. De Freitas et Ricardo Faty se chargeaient de la récupération et ils le faisaient proprement, en perdant un minimum de ballons. La défense était composée de droite à gauche par Moullec, Das Neves, Guillon et Maréval. Le premier montrait une fois de plus qu'il est supérieur à Thomas et si on excepte une transversale hasardeuse interceptée par un Brestois en début de seconde période il a rendu une copie tout à fait honnête. Le duo Das Neves – Guillon a pour sa part fait oublier sans trop de problème le tandem Pierre – Poulard, Das Neves a même confirmé qu'il est sans soute le meilleur des quatre, notamment dans la relance.

CAPOUE MARQUE POUR DU BEURRE, FATY POUR DE BON
Leader de l'attaque, Bagayoko manque encore de jambes après sa longue absence, il a trop tendance à appeler les ballons en profondeur. Il est cependant visiblement sur le bon chemin dans l'implication du jeu et sans doute bientôt dans l'efficacité. Au niveau de la Ligue 2, il se situe au-dessus du lot. A la 7è minute, il ne lui manqua qu'un soupçon de promptitude pour obtenir mieux qu'un corner. Il fut encore là sur une action amorcée par Guillon (11è) et on crut qu'il allait marquer une minute plus tard en reprenant de la tête un centre de la gauche de Babovic. Elana, le gardien brestois réalisa alors une superbe parade, en déviant en corner. Or, sur celui-ci, botté par De Freitas, le goal local se laissa surprendre par une tête de Faty. Lequel marqua là son premier but nantais et le premier, aussi, de sa carrière sur une reprise du crâne.

FIN DE PREMIERE PERIODE DELICATE
Nantes menait 1-0 et Brest se trouvait réduit à recourir à des expédients pour éviter de prendre complètement l'eau. Capoue réussit ainsi à provoquer deux cartons jaunes, le premier pour Gauvin, le second pour Bourgis. Ni l'un ni l'autre ne sont des tendres. Babovic adressa encore une jolie passe à Capoue dont le centre, hélas, ne trouva pas récepteur (27è) et peu à peu le match changea de visage. Brest réagissait et Nantes devenait laborieux. Les Canaris ne proposèrent plus qu'une action Babovic, Maréval, Capoue (38è) alors que les locaux terminèrent au contraire le premier acte en force à l'image de Socrier qui contraignit Maréval à une intervention limite dans la surface (41è). On nota encore un shoot de Poyet, très actif, de peu à côté du cadre, et les Nantais ne furent pas mécontents d'arriver à la pause sans dommage.

DEUXIEME ACTE LABORIEUX
Tony Heurtebis avait été touché au dos dans un combat aérien et N'Dy Assembé s'échauffa durant le repos, se tenant prêt à toute éventualité. Le gardien canari revint toutefois sur le terrain et il y demeura durant toute la seconde période. Il eut l'occasion de se distinguer à la 66è minute où il s'opposa à un shoot d'Ayite. Nantes était devenu alors plus laborieux, il était assis entre deux chaises et il hésitait à se livrer pour aller chercher un éventuel deuxième but. Da Rocha et Babovic jouaient bas, la construction était redevenue défaillante et dès la 64è minute les Armoricains avaient changé leurs deux attaquants. Mais les assauts des locaux étaient aveugles et Das Neves et ses copains parvenaient à renvoyer les ballons, même quand ils devenaient chauds. Sur contres, les Canaris étaient même dangereux, on vit ainsi Djordjevic qui avait succédé à Capoue (averti) s'en aller seul en direction d'Elana. Mais le temps qu'il trouve son pied gauche, le ballon n'était plus là (72è).

Ce n'était que partie remise. Le second but nantais arriva à la 82è minute, il fut amené par Rémi Maréval qui s'offrit une interception dans son camp, s'enfuit à gauche et délivra un centre impeccable que Djordjevic, cette fois, convertit en très joli but.

Nantes pouvait enfin respirer. Il trembla pourtant jusqu'au bout puisqu'après un sauvetage de Moullec (86è), Poyet parvint à réduire la marque durant les arrêts de jeu. Il eut quand même été dommage de laisser échapper sur la fin un magot aussi précieux. Heureusement, ce ne fut pas le cas.

B.V., le 13 février 2008