Djordjevic fait encore mouche
Lorsque N'Dy Assembé bondit au-dessus de la mêlée pour repousser des deux poings un coup franc sedanais que l'on croyait le dernier de la rencontre, on poussa un soupir de soulagement. Et même un deuxième quand, la seconde d'après, la reprise d'un attaquant ardennais fut contrée. Allons, c'était dit : le FC Nantes allait préserver son match nul et arracher un point précieux.

Et puis, De Freitas dégagea au loin. Et près de la ligne médiane, Bonnet s'emmêla et se fit subtiliser le ballon par Rémi Maréval. Lequel parvint à le transmettre à Filip Djordjevic. Un large espace, vide, s'ouvrait devant le Serbe, il le parcourut allègrement. Dans sa cage Regnault attendait. Mais il ne vit pas passer le ballon. Sans trembler, sûr de lui, ajustant la cible comme Guillaume Tell la pomme, Djordjevic l'avait expédié hors de sa portée. Il venait de marquer son deuxième but de la soirée, son quatrième pour ses trois dernières portions de match.

Bons débuts de N'Dy Assembé
Et ce n'était pas un nul que Nantes tenait dans ses bras mais bel et bien une victoire, laquelle lui permet de maintenir Bastia à 10 longueurs, marge d'autant plus appréciable que les Corses (qui comptent un match en retard) avaient appris durant l'après-midi que le Comité Olympique les désavoue dans l'affaire Kébé et préconise donc le maintien de la sanction infligée par la Ligue. Autant dire qu'ils ne sont pas près de récupérer leur point de pénalisation !

Les Nantais ont donc accompli un pas de plus, en terre ardennaise, sur le chemin qui devrait les ramener en Ligue 1. Ils l'ont franchi avec une équipe privée de plusieurs titulaires, dont Tony Heurtebis dont N'Dy Assembé assura un parfait intérim, et sensiblement remaniée tant dans sa composition que dans son schéma. En défense, alors que Das Neves avait été maintenu à la place d'arrière droit, Guillon effectuait son retour sur le flanc gauche, aux dépens de Maréval. Au centre, Pierre et Poulard étaient fidèles au poste, le second a même fourni une prestation très satisfaisante, il s'est accommodé sans réel problème des longs ballons aériens des Sedanais et il a sauvé en seconde période un but qui paraissait tout fait. Cette intervention fit largement oublier qu'en première période (21è), il avait perdu un ballon qui avait failli provoquer des conséquences fâcheuses. On s'est souvent montré critique à son égard, on ne va donc pas se priver aujourd'hui de le mettre en avant. Quand l'équipe adverse pousse de façon désordonnée, lui et Pierre savent sortir leur tête du jeu.

L'essentiel du jeu en milieu de terrain
En milieu de terrain, Shereni confirma qu'il ne se situe pas en ce moment au meilleur de sa forme, il effectua trop de mauvaises passes, De Freitas travailla utilement, souvent adroitement mais essentiellement défensivement et Faty oeuvra davantage dans l'ombre que dans la lumière, on ne le vit d'ailleurs pas beaucoup durant le second acte.

En attaque, Goussé était en pointe et isolé, alors que Capoue et Babovic occupaient les côtés, le premier à gauche, le second à droite, du moins en théorie car ils permutèrent, se recentrèrent et, aussi, se replièrent. Durant les vingt-cinq premières minutes, les Canaris ne se contentèrent pas de faire circuler plutôt adroitement le ballon, ils allèrent aussi un peu de l'avant. Mais longtemps l'essentiel du jeu se déroula en milieu de terrain, N'Dy Assembé resta ainsi près d'un quart d'heure au chômage, sa première intervention ayant lieu à la 14è minute. En l'occurrence, il s'agit plutôt d'une alerte puisqu'à la suite d'un corner Baning ne sut pas reprendre un ballon qui voyageait devant la cage nantaise.

Goussé échoue, Poulard sauve
Regnault, lui, patienta jusqu'à la 26è minute avant de voir un tir arriver dans sa direction, il fut déclenché par Babovic qui se montrait d'ailleurs plutôt en verve.

C'est toutefois au cours des instants qui suivirent que Nantes baissa quelque peu de pied. Il se montrait de plus en plus prudent et Bonnet en profita pour aller tester la capacité de réaction de N'Dy Assembé. Le jeune gardien des Canaris, auteur de débuts irréprochables, répondit présent et dévia le shoot en corner (39è). La sortie de Babovic (43è) qui avait procuré quelques soucis aux défenseurs ardennais mais se plaignait de l'aine n'arrangea pas les affaires des Jaunes. Ce sont pourtant eux qui juste avant la pause faillirent faire mouche. Mis sur orbite par une tête de Capoue, Goussé se présenta seul face à Regnault, il perdit la face à face (44è).

La réplique ardennaise arriva peu après l'entame de la seconde période (50è). N'Dy Assembé repoussa une première tentative de Tibéri et Poulard tendit le pied juste à temps pour empêcher de Nimani de faire mouche, alors qu'il avait la cage ouverte devant lui. Ouf !

Lucau égalise à la 85è minute
Nantes subissait de plus en plus et Goussé voyait de moins en moins le ballon. Der Zakarian le remplaça par Djordjevic à la 57è minute. Six minutes plus tard, suite à un corner, Moullec effectua une transversale que Shereni, posté au second poteau, remisa de la tête, devant le but. Djordjevvic se montra plus prompt que les Sedanais et, d'une tête plongeante, il ouvrit le score.

A partir de là, les Canaris s'évertuèrent surtout à préserver ce butin face à des Ardennais dont les offensives étaient aveugles. Ils faisaient bloc et montraient, comme souvent, c'est l'une de leurs forces, un esprit très solidaire. L'arbitre, Laurent Duhamel, vint faire la morale sur le bord de la touche à Der Zakarian et Pasqualetti, il aurait pu s'en passer, il aurait même mieux fait de penser davantage à son boulot, c'est à dire d'intervenir lorsque Baysse sécha méchamment Djordjevic. Pas de carton, pas même de coup franc, c'était un peu fort de café.

On approchait alors de la fin et Nantes semblait tenir le bon bout. Sauf qu'à la 85è minute, Lucau signa l'égalisation, ouvrant ainsi la porte à une fin de match à suspense et à souffrances pour les Nantais.

Victoire à la Hitchkock
La preuve : à la suite d'un ballon que s'était fait chiper Das Neves, Lucau vit lui arriver sur le crâne l'occasion du KO. Il la rata. Sedan intensifia sa pression et les Canaris commirent des fautes aux abords de la surface, à chaque fois sur le dribbleur Abdoun, par Poulard d'abord puis par Shereni. On atteignait la 91è minute quand le botteur ardennais expédia le ballon devant la cage nantaise. N'Dy Assembé repoussa et vous connaissez la suite, on vous l'a racontée au début. Le contre et le deuxième but de Djordjevic. Une nouvelle et précieuse victoire acquise durant les arrêts de jeu. Il restera à la bonifier contre Libourne, une équipe qu'au match aller les Nantais avaient battu 3-2, le but de la décision étant marqué par Shereni à la 94è minute. C'est qui l'entraîneur de Nantes : Alfred Hitchcock ou Michel Der Zakarian ? Les Canaris ne sont pas les leaders, mais dans un sens ils sont tout de même bien les champions du suspense.

B.V., le 27 février 2008