Rétro 2000/2001 : Histoire
d'un huitième titre ! |
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Auxerre-Nantes |
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Par Tomsca
le 20/06/2001
À l'aube de la nouvelle saison, le FCNA pense d'abord
à assurer son maintien en D1 avant d'évoquer
une quelconque place européenne. L'expérience
de la saison précédente n'a pas été
oubliée! Quant au public, il a hâte de découvrir
sa nouvelle équipe.
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Lorsqu'en juillet 2000, les journalistes demandent à l'entraîneur
nantais, Raynald Denoueix, quel est son objectif pour la saison
qui s'annonce, celui-ci reste très mesuré: "acquérir
le plus rapidement possible les points du maintien, pour ne pas
avoir à revivre une fin de saison aussi angoissante
"
Même son de cloche chez les joueurs et les dirigeants. Denoueix
ne cherche surtout pas à imiter la fausse humilité
d'un Guy Roux; aucune volonté d'intox du côté
de la Jonelière. Seulement, tous ont encore gardé
en mémoire le dernier match "couperet" disputé
quelques semaines plus tôt au stade Jules Deschaseaux face
au Havre. Ce soir là, Nantes sauve sa peau parmi l'élite
grâce à un but magique de Marama Vahirua et à
un arrêt miracle de son capitaine Mickaël Landreau. Jamais
le boulet n'était passé aussi près
Aussi, à l'aube de la 38ème saison des Canaris en
division1, le public nantais espère bien ne plus avoir à
revivre de telles frayeurs. Et ce sont plus de 15000 abonnés
qui renouvellent leur confiance au club jaune et vert. L'équipe
présente alors un visage attrayant et légèrement
différent. Certes, Antoine Sibierski, son joueur le plus
médiatique, est parti à Lens. Mais Nantes réussi
à engager juste avant la reprise sous forme de prêt,
un joueur vif, doué techniquement, au jeu intelligent et
dont l'intégration ne fait aucun doute puisqu'il a été
formé au club. Il s'agit de Stéphane Ziani, alors
en délicatesse avec les Girondins de Bordeaux. Les supporters
peuvent ainsi fêter le retour de l'enfant prodigue dans la
Cité des Ducs! Quelques jours plus tôt, c'est l'avant-centre
de la Roumanie qui l'a précédé: son nom est
Viorel Moldovan, il vient de disputer l'Euro 2000. "Moldo"
aura pour difficile mission d'occuper un poste laissé vaquant
lors des trois dernières saisons
Robert Budzynski l'a
suivi à travers l'Europe depuis six ans! Le FCNA, plus à
l'aise financièrement, peut enfin se l'offrir et réalise
ainsi le plus gros transfert de son histoire (36 MF -faible somme
comparée aux centaines de millions déboursées
par le PSG pour acquérir Nicolas Anelka!-). Trois défenseurs
débarquent aussi pour palier les départs de Jean-Marc
Chanelet (Lyon) et Stéphane Lièvre (Toulouse): Nicolas
Laspalles, défenseur expérimenté venu de Paris
se refaire une santé sur les bords de L'Erdre, le jeune gaucher
portugais Mario Silva de Boavista, auteur d'un but fantastique en
Ligue des Champions, et enfin Sylvain Armand, presque vingt ans,
joueur inconnu du grand public, formé pourtant à Saint-Étienne
et recruté à Clermont foot (club réputé
de National) pour la modeste somme de 1 MF
Les dirigeants
ont donc maintenu leur confiance à leur entraîneur,
à l'ensemble du jeune groupe pro, ont su conserver les éléments
les plus prometteurs (Landreau, Carrière, Olembé)
et ont privilégié un recrutement qualitatif plutôt
que quantitatif.
La nouvelle saison 2000/2001 peut désormais commencer
Le 29 juillet, pour la première journée, Nantes accueille
le Racing Club de Lens sous un soleil radieux. Moldovan à
court physiquement (il a repris l'entraînement en retard),
ne figure pas dans le groupe et assiste au match depuis les tribunes.
Au contraire du FCNA, le club Sang et Or de Gervais Martel ne cache
pas ses ambitions: Roland Courbis est désormais l'entraîneur
et Sibierski se voit confier la tâche de meneur de jeu. Pour
45 minutes seulement! Car peu avant la pause, Antoine est l'auteur
d'un geste stupide sur Mario Silva et se fait expulser. Il sort
sous les sifflets des 32000 spectateurs, alors que quelques minutes
plus tôt, il avait été acclamé en recevant
le trophée de "meilleur joueur du mois de mai 2000"
(distinction décernée par les journalistes et obtenue
sous les couleurs nantaises
). Il manque ainsi ses retrouvailles
avec le public de la Beaujoire. Sinon, le match est quelconque,
les Canaris n'ayant pas encore acquis les automatismes. Le nouveau
Nantes rappelle même cruellement le précédent:
les nombreuses occasions crées ne sont pas concrétisées!
Pire, les jaunes semblent déroutés par une équipe
lensoise peu inspirée mais bien en place défensivement
depuis qu'elle évolue à dix. On constate enfin une
grosse différence athlétique entre les deux formations;
France Football titrera d'ailleurs: "Des nantais poids plume"!
Et comme c'est souvent le cas, l'équipe dominée fait
la différence en fin de rencontre: sur corner, Pierre-Fanfan
marque de la tête (86e); le but de Diouf (90e) est lui purement
anecdotique (les Canaris étant partis à l'abordage
pour tenter d'égaliser). La défaite est sévère,
tout comme la conclusion de Jacques Terrien de France Football:
"le FCNA ne peut ignorer la tendance actuelle: les footballeurs
sont grands, rapides, habiles, bref, ils ont plus de qualités."
Conclusion qui aujourd'hui fait sourire
Nicolas Laspalles
reste néanmoins confiant pour la suite: "Malgré
la défaite, on a réalisé de belles choses,
il a juste manqué que l'on marque les premiers." Quant
à l'inefficacité nantaise il conclut: "J'espère
que Moldovan sera là pour les mettre au fond." Les hommes
de Denoueix débutent plutôt mal la saison, même
si leur production est plus qu'honorable. En tout cas, Moldovan
est déjà attendu comme le messie
Le 4 août, les Canaris se rendent à Monaco.
Pour cette seconde journée, ils jouent déjà
gros face au Champion de France en titre. Le match commence d'ailleurs
très mal puisque Nonda ouvre le score dès la 5e minute.
Mais l'attaque nantaise, montrée du doigt face à Lens,
se rebelle et fait souffler un vent de tempête dans le stade
Louis II. Finalement, c'est une véritable correction que
les jaunes infligent aux hommes de Claude Puel: Porato encaisse
quatre buts en un peu moins de 25 minutes! Les buteurs sont: Monterrubio
(9e et 19e), Da Rocha (but extraordinaire à la 18e) et Ziani
(31e). Après le match, Frédéric Da Rocha dira:
"On nous avait beaucoup critiqué après Lens,
ce soir on a su montrer ce dont nous étions capables".
Les attaquants manifestent leur caractère et prouvent que
Nantes peut aussi jouer sans Moldovan. Olembé rajoute un
dernier but (85e) et le FCNA s'impose 5 à 2! La gifle lensoise
est effacée. Cette lourde défaite ne sera jamais digérée
en Principauté
Le 12 août, Nantes évolue au stade du Roudourou à
Guingamp. Le match est âpre et disputé. C'est
un véritable combat physique auquel les Canaris répondent
présents. Ils se montrent aussi très réalistes:
alors qu'ils n'ont adressé qu'un seul véritable tir
à Loussouarn, ils parviennent à ouvrir le score par
Monterrubio, juste avant la mi-temps. En seconde période,
ils tiennent le choc face aux assauts répétés
des hommes de Guy Lacombe. Les ultimes minutes sont très
pénibles mais Nantes s'impose finalement sur ce qui va devenir
le "tarif " de la saison 2000-2001: le 1-0! La victoire
est courte mais précieuse car elle révèle déjà
l'esprit de cohésion qui règne au sein du groupe:
"Cette victoire, nous l'avons obtenue grâce à
une belle abnégation, dans l'agressivité et le combat"
(Mickaël Landreau). Voilà une arme nouvelle sur laquelle
Raynald Denoueix pourra compter
Samedi 19 août est jour de fête à la Beaujoire:
Nantes reçoit l'Olympique de Marseille. La rencontre
se joue à guichet fermé. Pour la première fois,
Viorel Moldovan figure sur la feuille de match mais n'est pas encore
titularisé. Il fait chaud, lourd même et l'ambiance
dans le stade est électrique. Sur le terrain le match est
fou! Après avoir été mené au score,
Nantes parvient à égaliser par Salomon Olembé
(30e). Mais l'OM joue bien et le petit Marcelhino redonne l'avantage
aux blancs
Le public réclame alors Moldovan. Raynald
Denoueix décide de lancer son joker roumain cinq minutes
plus tard (69e). Difficile d'entrer dans de telles conditions. Mais
Moldo en a vu d'autres et va apporter un coup de fraîcheur
à l'équipe. Les olympiens sont en effet perturbés
par son arrivée sur la pelouse. Profitant d'un flottement
dans le marquage, "El Presidente" Fabbri propulse le cuir
au fond des filets de Trévisan (77e). Les Jaunes reviennent
au score pour la seconde fois de la soirée, la Beaujoire
est en liesse! Et Nantes continue de pousser. Les minutes du temps
additionnel s'égrènent et l'OM serre sa garde pour
obtenir le point précieux du match nul. Sur un nouveau corner
tiré par Ziani, Moldovan met la tête
et marque
à son tour! La Beaujoire chavire! Un véritable triomphe
est réservé au numéro neuf qui signe là
son premier but sous les couleurs nantaises. Viorel tant attendu,
apparaît dès lors comme le buteur providentiel que
Nantes cherchait désespérément depuis des années
Le héros de la soirée, assailli par les journalistes,
reste modeste sur sa performance et pense d'abord à saluer
les vertus collectives de sa nouvelle équipe. Il dira simplement
en analysant sa prestation: "Il me faudra un peu de temps pour
être tout à fait dans le collectif, mais déjà
je me sens bien dans cette équipe de Nantes." Ce soir
d'août, Moldo est entré dans le cur des supporters
nantais. Quant à ses partenaires, ils savent qu'ils pourront
désormais compter sur un vrai buteur. Nantes est alors troisième
du classement à un point du leader.
Pour la cinquième journée du 26 août, les Canaris
affrontent Toulouse au stadium. Le match, de qualité
moyenne, est très heurté: sept avertissements (cinq
au TFC, deux au FCNA) seront distribués par l'arbitre M.
Layec. Nantes domine la rencontre et ouvre le score par Ziani à
la 37e. Hélas, les hommes de Denoueix ne parviennent pas
à prendre le large
ils le regretteront lorsque Moreau
égalise pour Toulouse en seconde mi-temps. Dommage, car le
FCNA avait largement les moyens d'empocher les trois points et de
continuer sur sa belle série de victoires. Nicolas Savinaud
se console: "On est un peu déçu, mais un nul
à l'extérieur est une bonne chose." Et le "15"
nantais reste confiant car "le jeu a été cohérent."
C'est déjà ça
Le mercredi 6 septembre, NANTES accueille Bordeaux pour
le traditionnel derby de l'Atlantique. En s'imposant, les Canaris
peuvent prendre la tête du classement. Les dirigeants de la
Socpresse (dont Yves de Chaisemartin, le patron) viennent spécialement
de Paris assister au match. C'est la première visite du repreneur
à la Beaujoire. Les Girondins, qui ont raté leur début
de saison, sont dans la zone rouge. Pour se relancer, ils ont repris
un "ancien" de la maison, Alain Roche, et ont recruté
l'avant-veille un avant-centre portugais remplaçant à
la Corogne: Pauleta. Elie Baup choisi de le titulariser d'entrée
de jeu. Bonne idée, car c'est un jour sans pour les Canaris.
Rien ne leur réussi
Pire, les Jaunes paraissent amorphes.
La défense est constamment prise de vitesse et Pauleta, profitant
des débordements répétés de Laslandes
sur Mario Silva, réalise le coup du chapeau (23e, 43e, 63e)!
Certains spectateurs quittent déjà le stade
Et cela tourne au cauchemar pour Éric Carrière (qui
fête là son 100e match en D1) et ses partenaires, lorsque
Wilmots (71e) puis Laslandes (83e) portent la marque à 5-0!
Les nantais sont humiliés. Dans les travées de la
Beaujoire, le public sort, silencieux. Il ne siffle même pas
son équipe. Fred Da Rocha dira dans les vestiaires: "Ce
soir nous n'étions pas là, c'est tout." Triste
soirée sur Nantes; les hommes de la Socpresse n'ont pas amené
la baraka! Cette deuxième défaite à domicile
laissera longtemps des traces
Pour essayer d'oublier ce camouflet, les Canaris doivent réagir.
Heureusement, ils n'ont pas eu le temps de beaucoup gamberger car
le 9 septembre, soit trois jours seulement après la débâcle
girondine, ils affrontent Auxerre. L'entraîneur nantais
titularise Sylvain Armand à la place de Mario Silva, jugé
hors de forme. Le stéphanois dispute donc à l'Abbé-Deschamps
son premier match en D1. Comme à Toulouse, les nantais imposent
leur jeu. Et Nestor Fabbri donne logiquement l'avantage aux jaunes
(42e ). Moldovan, dix minutes après le retour des vestiaires,
réalise le break (55e): Nantes mène 2 à 0!
Belle réaction d'orgueil des hommes de Denoueix, pense-t-on.
Mais à dix minutes de la fin, les Canaris perdent de façon
inexpliquée leurs moyens: Comisetti réduit le score
pour l'AJA (80e). Dans les dernières minutes, les bourguignons,
profitant de la panique nantaise, poussent: Comisetti (encore lui)
égalise trois minutes plus tard (83e). Et il s'en faut peu
pour ne pas assister au troisième but auxerrois dans les
arrêts de jeu! 2-2, le FCNA s'en tire bien
Éric
Carrière: "On a eu à cur de se rattraper
de notre non match face à Bordeaux." Mais il faut être
aussi lucide, les Canaris traversent une très mauvaise période
et doutent. Seule satisfaction: la très bonne prestation
de Sylvain Armand désormais titulaire indiscutable au poste
de latéral gauche.
Le dimanche 17 septembre, Nantes reçoit l'Olympique Lyonnais
en match décalé comptant pour la 8e journée.
L'OL réussit peu sur les bords de Loire (en particulier,
les hommes de Santini n'ont pas oublié le cinglant 6-1 reçu
la saison précédente). Aussi, les lyonnais ne comptent
pas refaire de la figuration et viennent à la Beaujoire particulièrement
motivés. Ayant retenu la leçon, ils se montrent très
prudents et jouent très regroupés. Les Canaris, toujours
aussi peu à l'aise face à une formation ultra-défensive,
n'arrivent pas à surprendre les gones. Lyon n'est guère
brillant mais se montre très réaliste lorsque Anderson,
profitant du laxisme de la défense nantaise sur coup de pied
arrêté, trompe landreau à la 45e. En seconde
période, la réaction des jaunes est bien trop timide
pour inquiéter Grégory Coupet et ses partenaires.
Nantes s'incline donc devant son public pour la troisième
fois! Incontestablement, l'équipe traverse une mini-crise.
Et on évoque alors le "syndrome de la Beaujoire".
Plus concrètement, Raynald Denoueix commence à être
critiqué par une partie du public pour ses choix (4/4/2 jugé
frileux, mauvais coaching
). Nestor Fabbri est clairvoyant:
"Trois défaites en quatre matches à domicile,
c'est trop pour une équipe qui vise les premières
places." Les temps sont durs, mais le FCNA occupe encore la
neuvième place avec seulement quatre points de retard sur
le leader
Le samedi 23 septembre, les Canaris effectuent donc un déplacement
délicat au Parc des Princes face au Paris Saint-Germain.
Denoueix, peu satisfait de sa défense, choisi de titulariser
Nicolas Gillet, pur stoppeur, au côté de Nestor Fabbri.
Nicolas Savinaud, joueur polyvalent, glisse au milieu du terrain.
L'équipe de Bergeroo, contrairement à celle de Denoueix,
est intraitable chez elle: le PSG (grand favori de l'édition)
n'est pas en tête du classement pour rien. Le match se joue
dans une chaude ambiance (43 500 spectateurs). Et les ligériens
ne sont pas encore entrés dans le match, qu'Anelka trouve
déjà le chemin des filets (9e)! C'est le pire scénario
auquel assistent les nombreux supporters nantais présents
au Parc. Les Canaris vont néanmoins s'accrocher et revenir
dans le match. En début de seconde période, ils prennent
même le match à leur compte et dominent. Sur une action
bien construite, Moldovan trompe Letizi et égalise (53e);
le PSG est sonné. Dans le virage nantais c'est de la folie!
D'autant que les jaunes, euphoriques, continuent d'attaquer et se
créent d'autres occasions de buts. Malheureusement, ils ne
les concrétisent pas
Nantes a laissé passer
sa chance. Les parisiens ne tardent pas à réagir par
leur gaucher Laurent Robert. Celui-ci réalise un exploit
individuel en prenant de vitesse la défense nantaise: sa
frappe (du droit!) à l'entrée de la surface bat Landreau
(56e)
Les Canaris essaieront d'égaliser, mais en vain.
À limage de Nicolas Gillet, ils peuvent avoir de gros regrets
à l'issue du match et se sentir frustrés: "À
1-1, on a eu deux ou trois occasions de faire le break, mais c'est
Paris qui fait la différence." Les Jaunes ont (encore)
perdu mais ont réalisé cette fois une très
bonne prestation: ils se consoleront en constatant qu'ils ont fait
jeu égal avec les parisiens, ce qui est plutôt encourageant.
Autre motif de satisfaction pour Denoueix et ses joueurs: le bon
comportement de la charnière Gillet-Fabbri. L'entraîneur
nantais a enfin trouvé la bonne formule défensive!
Néanmoins, les affaires des Canaris au classement ne s'arrangent
guère: la dégringolade continue! Ils sont désormais
treizième avec six points de retard sur Paris
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