Cette semaine
nous avons choisi de nous attarder sur un animal fort méconnu et
pourtant tellement attachant : le Tryannus Landrus . Celui-ci tire son
nom d’une propension aussi soudaine qu’inattendue à
interpréter une danse bien connue chez les amateurs de kouign-aman
: l’Andro. Il n’est pas rare de croiser notre herbivore mutin
de bon matin sur les bords de l’Erdre, le regard hagard et le poil
ébouriffé, en train de hurler : « J’entends
le loup, le renard et la beleeeeeeeteuhh », l’auriculaire
recourbé vers un hypothétique compagnon de danse.
On l’aura compris, notre Landrus à nous est une espèce
extrêmement attachée à sa terre natale. C’est
pour cela qu’il refuse obstinément, lors de chaque grande
période de migration annuelle, d’aller se reproduire avec
cet autre animal fort recherché qu’est le Tentatis Wengeris.
Le Tryannus ne saurait troquer son kouign-aman contre un vulgaire pudding.
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Approchez-vous si vous le voulez
bien, et relevons ensemble quelques une des caractéristiques les
plus marquantes de notre Tryannus préféré.
Vous noterez la posture étonnamment relevée du sourcil gauche,
attitude semblant indiquer un manque de compréhension totale vis-à-vis
de ce qui ressemble fort à une attaque frontale d’un redoutable
carnassier.
Il faut reconnaître que cette photo a été prise alors
qu’un de ses congénères lui demandait pour quelle
raison il avait tant tenu à exécuter une démonstration
d’Andro l’an passé lors d’une représentation
unique devant 80000 spectateurs hilares et un Pedrettus qui se gondola
comme de juste.
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Au vu de cette première description on pourrait penser que notre
ami se sert exclusivement de ses deux pattes lui permettant d’effectuer
de graciles entrechats. Que nenni. Une de ses qualités remarquables
est de posséder deux membres supérieurs d’une étonnante
longueur lui permettant de se saisir aisément de tout ce qui passe
au dessus de lui. Vous objecterez qu’il n’est pas le seul
dans ce cas. Bon. Mais il faut tout de même admettre que certains
de ses semblables mettent une singulière mauvaise volonté
à optimiser cette formidable caractéristique. Ainsi le lionelus
(Prozacos Letizos), s’il se plaît à exécuter
de magnifiques sauts de cabri à l’occasion, ne se sent guère
enclin à se saisir de ce qui passe à plus de 27 cm au-dessus
de son charmant minois.
S’il ne dédaigne pas , à l’occasion, tremper
ses lèvres dans une écuelle de chouchen, notre ami n’est
cependant pas naturellement enclin à la gaudriole. Peuvent en témoigner
plusieurs membres du troupeau, certains comme le Carrierus Gonus ayant
même préféré rejoindre des alpages plus propices
à leur engraissement. C’est que le Tryannus Landrus a du
caractère.
Notre ruminant bigouden a également été reconnu par
ses bergers successifs comme l’une des plus belles bêtes de
son troupeau, ce qui lui vaut, à l’occasion de chaque transhumance
internationale, d’aller se régénérer les boyaux
avec la fine fleur de son espèce (le fabienis boulettis et l’Adjudentus
Coupetus sont ses compagnons de jeu favoris).
Gageons que certains voudront encore, lors de la prochaine migration
estivale, l’envoyer voir ailleurs si l’herbe est plus verte,
mais notre Tryannus Landrus sait trop à quel point l’Andro
est un art difficile à maîtriser qui ne souffre d’aucune
infidélité.
Sa devise : « Vous reprendrez bien un peu de kouign-aman M’sieur
Wenger ? »
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