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1979-80 : Nantes / Lille - le bonjour de José Arribas.
(Petites et Grandes Histoires du FCN #17)
 
José Arribas
 

Lille et Nantes ont rarement occupé ensemble le sommet de l'affiche, sauf durant la saison 2000-2001. Le LOSC, coaché par Halilhodzic, se montra alors l'un des adversaires les plus acharnés des Canaris qui étaient en route pour leur huitième titre. Lille ne gagne pas souvent à Nantes où sa dernière victoire remonte à trois ans mais il s'y défend toujours avec acharnement et il se révèle fréquemment très difficile à manœuvrer. Méfiance donc. Parmi les rares succès des Dogues sur les bords de la Loire, on peut rappeler celui du 15 mars 1980, en Coupe de France. Il eut une saveur particulière car les Nordistes étaient alors entraînés par un certain José Arribas. . (B.V.)


 

Les matches mémorables entre Nantes et Lille ne sont pas très nombreux, sans doute parce que les deux clubs ont vécu leurs heures les plus glorieuses à des époques différentes. Le LOSC fut le plus club numéro un de France juste après les années d'après guerre. En dix saisons, il remporta deux titres et disputa sept finales de Coupe de France, avec cinq victoires à la clef, les cinq que disputa son joueur mascotte, le demi aile Marceau Sommerlynck.

Pendant que les Lillois accumulaient les triomphes, les Nantais balbutiaient en 2ème division. Mais la situation s'inversa dans les années 1960 : au moment où les Canaris qui avaient bénéficié des précieux services de l'ancien « Dogue » André Strappe, accédaient parmi l'élite et remportaient leurs premiers titres, les Lillois plongeaient dans les bas fonds. Ils n'en ressortirent qu'au milieu de la décennie suivante, lorsqu'ils bénéficièrent des services éclairés de José Arribas, lequel les ramena en division 1 où ils se réinstallèrent de façon durable. Sans pour autant vraiment défrayer la chronique, sinon par leur instabilité sur le plan des entraîneurs et leurs difficultés financières récurrentes.

Arribas le Nantais contre Vincent le Lillois
Pourtant, ils avaient réalisé, en 1980, aux dépens de Nantes, une performance qui, si elle n'a pas vraiment marqué les mémoires, n'en mérite pas moins d'être retenue. On sait que les Canaris étaient alors quasi-invincibles sur leur pelouse fétiche de Marcel-Saupin. Personne ne les y battit pendant quatre ans, soit plus de 90 matches. Personne ? Voire… Les historiens, ne retenant que le championnat, oublient en effet volontiers une rencontre qui se déroula le samedi 15 mars 1980. Un 16è de finale retour de Coupe de France. Ce soir là, Lille vint bel et bien battre le FC Nantes 2-1. Une défaite qui fut en outre synonyme d'élimination pour l'équipe entraînée alors par Jean Vincent, un ancien Lillois. Pour les Canaris, ce revers signifia en outre la perte du trophée qu'ils avaient enfin remporté en 1979 en s'imposant difficilement face à Auxerre. Il fallait rattraper un but
C'est dire si la surprise fut désagréable à encaisser, d'autant que Nantes tenait alors la haut du pavé en championnat. Il filait vers son cinquième titre et il demeurait en course en Coupe des Coupes où il s'apprêtait à en découdre avec Tbilissi. Il faut cependant noter que si les résultats étaient au rendez-vous, la qualité de jeu, elle, avait parfois tendance à se détériorer. Elle restait certes de bonne facture, surtout par rapport à ce qu'on allait voir par la suite, sous les « règnes » de Blazevic et Marcos, mais on enregistrait de temps à autres un certain laisser aller et c'est sans doute l'une des raisons qui explique la déconvenue enregistrée face aux Lillois. L'optimisme avant le coup d'envoi était pourtant de mise. Les 16è de finale de la Coupe se disputaient alors par matches aller retour et la défaite des Nantais lors de la première manche, 1-0 à Grimonprez-Jooris , ne paraissait vraiment pas insurmontable. « Il faut marquer d'entrée et plus rien ne nous arrêtera » assurait Eric Pécout. Il prenait pourtant le soin d'ajouter : « mais attention à ne pas encaisser un but les premiers, car dans ce cas la situation se compliquerait singulièrement .» José Arribas entraînait encore le LOSC et, sans dissimuler son émotion de revenir dans un stade dont il connaissait les moindres recoins, il avait refusé de se lancer dans des calculs inutiles. « On a forcément une chance, avait-il dit, comme avant chaque match. Alors nous la jouerons à fond .» Les malheurs d'Enzo Trossero
L'ancien coach mythique de Nantes avait décidé de miser sur la prudence durant les premières minutes, lesquelles se révélaient souvent terribles pour les visiteurs de Saupin. De fait, les Dogues se contentèrent essentiellement, du moins au début, de bien occuper leur milieu de terrain et d'attendre les événements. Or, ils ne virent rien venir, ou du moins pas grand chose. Les Canaris dominaient mais ils ne parvenaient pas à placer les accélérations susceptibles de leur ouvrir des brèches. Ils faisaient preuve de maladresse, à l'image d'Enzo Trossero qui eut la mauvais idée, alors qu'il était bien placé, d'expédier le ballon en plein visage de.. . Baronchelli. L'Argentin n'était pas en veine, il est vrai qu'il n'était pas toujours d'accord avec Henri Michel auquel il disputait la place de libero. « C'est là que je suis le meilleur, » affirmait-il. Jean Vincent lui avait exceptionnellement donné satisfaction pour cette rencontre : il occupait l'axe de la défense centrale en compagnie de Patrice Rio. Michel, lui, évoluait dans l'entre jeu avec Bruno Baronchelli et Gilles Rampillon. Le problème est qu'Enzo Trossero cafouillait beaucoup de ballons et quand le vif lillois Cabral lui démarra sous le nez il n'eut pas le temps de réagir : Bertrand-Demanes ne put que constater les dégâts. Amisse laisse sa place
Le scénario redouté par Pécout était donc en route : Lille comptait deux buts d'avance sur l'ensemble des deux rencontres. Après 24 minutes de jeu. Les Nantais se lancèrent rageusement à l'attaque. Ils le firent à la fois avec fougue et talent. Ils accumulèrent les occasions de but. Mais leurs efforts restèrent vains et juste avant la pause, Cabral prit de nouveau Enzo Trossero de vitesse et il alla planter son second but de la soirée.

Cette fois, l'affaire sentait vraiment le roussi. Pour ne rien arranger, Loïc Amisse, souffrant d'une tendinite, ne revint pas sur le terrain à la reprise. Il laissa sa place à Victor Trossero. Ce dernier obtint certes un penalty mais son homonyme, Enzo, dont ce n'était décidément pas la soirée, le rata. Si bien qu'il fallut attendre la 80è minute pour que le ballon atterrisse enfin dans la cage de Bergeroo, sur un shoot de Henri Michel. Il était évidemment trop tard pour espérer renverser la vapeur et Lille conserva le bénéfice de sa victoire, 2-1, jusqu'au bout.

Douce revanche pour Arribas
« On ne peut pas être motivé pour toutes les rencontres », lâcha Jean Vincent, dépité. « Sur les deux matches, il me semble que nous méritons la qualification, » estima de son côté José Arribas, ravi du bon tour qu'il venait de jouer à son ancien club. Il l'avait quitté quatre ans plus tôt, parce qu'il souhaitait une prolongation de son contrat d'au moins deux ans, alors qu'on ne lui en proposait qu'une. Un dirigeant, dont il est préférable de taire le nom, avait finement déclaré : « Un an, c'est mieux, il vaut mieux ne pas prendre trop de risques ». « Vous voulez dire qu'il convient que je fasse mes preuves ? avait interrogé Arribas. Il me semble pourtant que mon bilan des seize dernières années parle pour moi. » C'était vrai, bien sûr.

José avait donc décidé de s'en aller, il aurait souhaité que son héritage soit transmis à Jean-Claude Suaudeau, son « fils spirituel », le technicien qui partageait le mieux ses convictions et était le plus apte à défendre ses principes. Mais une partie du comité directeur s'était opposé à ce plan : il jugeait que Coco avait trop de caractère. Comme si les bons entraîneurs étaient des « carpettes … » Claude Simonet, alors dirigeant influent, faisait partie de ses anti-Suaudeau et il avait poussé à la roue pour que Jean Vincent soit embauché. « Je le connais bien, j'ai fait mon régiment avec lui, » avait-il expliqué. L'argument était singulier.

Suaudeau aurait pu gagner 6 ans
On ne veut pas dire que Jean Vincent a effectué du mauvais travail durant les 6 ans qu'il a passés à Nantes, au contraire. Sous sa conduite, les Canaris ont remporté deux titres (1977,1980) et gagné la Coupe (1979). Mais par deux fois, Suaudeau dut être appelé à la rescousse pour rappeler à tous que le jeu collectif et offensif constitue la plus sûre recette pour séduire et gagner. Il joua les mécaniciens aux entraînements d'abord, en match ensuite. Il remit à chaque reprise l'équipe sur les bons rails et il rentra dans l'ombre. Il prévint pourtant : « Il n'y aura pas de troisième fois ». Alors, six matches avant la fin de la saison 1981-82, il fut appelé définitivement à la barre, Jean Vincent partant alors pour entraîner le Cameroun qui préparait la Coupe du monde en Espagne. Un an plus tard, Nantes remporta triomphalement un nouveau titre de champion de France. Et il reste permis de se demander s'il n'aurait pas mieux valu confier l'équipe à Suaudeau dès 1976. Satanée question !

B.V.




(B.V., le 13 mai 2005)

  Histoires du FC Nantes :

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- #10 : 1965-66 : Rue de Strasbourg ? Non : rue Ramon Muller (25/02/05)
- #9 : 1957-58 : Le match le plus long (12/02/05)
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- #7 : 1979 : Nantes gagne sa première coupe ! (24/01/05)
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- #4 : Quand les joueurs sauvaient Arribas (30/12/04)
- #3 : 1963 : Nantes bat Sochaux et monte en D1. (16/12/04)
- #2 : La trahison de Ramon. (04/11/04)
- #1 : Joies et Peines (Gondet et Éon). (28/10/04)


Cette rubrique s'ouvre aux souvenirs, à ces pages qui sont restées dans les mémoires et qui ont fait l'histoire du FC Nantes. Un témoignage d'une autre époque qu'il est bon de rappeler. Pour que le témoin passe de générations en générations, les lecteurs de FCNantes.com peuvent contribuer à enrichir ces belles pages de leurs témoignages en nous écrivant. De la simple anecdote aux souvenirs de grands matchs ou de grands joueurs, n'hésitez pas à participer à cette lucarne ouverte sur le passé glorieux de notre club.


 

 

 
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