|
|
Nantes – Sochaux est
un match lourd de souvenirs. Les plus récents ne sont pas très
bons puisqu’ils nous ramènent à la dernière
finale de la Coupe de la Ligue. Mais il est un Nantes – Sochaux
qui a marqué bien davantage l’histoire du FC Nantes. C’est
celui du 1er juin 1963. Car ce jour-là, c’est l’accession
en Division 1 qui se décida. Une Division 1 dont Nantes, tout le
monde le sait, n’est jamais redescendu.
Les données avant le coup d’envoi étaient claires
: Nantes, 2è, comptait 3 points d’avance sur le 3è.
En l’occurrence Sochaux ! Saint-Etienne, le premier, était
inaccessible. |
On en était à la 37è et avant-dernière journée.
Une victoire, c’était le paradis assuré, une défaite
en revanche ouvrait la porte à toutes les incertitudes. Et même
tous les doutes puisqu’il y avait presque vingt ans que le FCN rêvait
de monter en D1 sans jamais y parvenir.
La rencontre eut lieu, bien sûr, au stade Marcel-Saupin, lequel
s’appelait encore Malakoff et n’avait pas l’aspect qu’on
lui connut plus tard. Il ne pouvait contenir que 18.000 spectateurs. Deux
heures avant le coup d’envoi, il était déjà
presque plein à ras-bords. Le public ne tarda d’ailleurs
pas à exploser de joie puisque la première attaque nantaise,
juste après l’engagement, fit mouche. But de l’Argentin
Raphaël Santos. But ? Non ! L’arbitre estima en effet que le
ballon n’avait pas franchi la ligne. Les protestations nantaises
furent si véhémentes qu’il arrêta le match pour
consulter son juge de touche. Lequel lui donna raison.
José Arribas s’appliqua à calmer ses joueurs, les
débats ne s’en poursuivirent pas moins dans une ambiance
de feu. Robert Vergne écrira dans son compte-rendu pour l’hebdomadaire
« France Football » : « On se serait cru en Amérique
du Sud ! » Les Canaris attaquaient à tout va, ils jouaient
dans un style très offensif, « à la nantaise »
comme on ne disait pas encore, et à la 19è minute le défenseur
franc-comtois Molla toucha le ballon de la main sur un shoot de Bernard
Blanchet. Pénalty. Jean Guillot, l’un des stratèges
de l’équipe, le transforma imparablement. 1-0.
Dix minutes avant la pause, Sadek Boukhalfa, qui demeure un fidèle
de la Beaujoire, signa le 2è but en reprenant de volée un
centre de Santos. Les Sochaliens tentèrent de réagir en
seconde période mais le score en resta là, les Nantais faisant
courir habilement la balle pour mieux maîtriser les opérations.
Durant les derniers instants de la partie, les spectateurs firent fonction
de chronométreurs. « Plus que cinq minutes ! » scandaient-ils.
« Plus que trois ! » « Plus que deux ! ».
Au coup de sifflet final, la pelouse fut envahie et les joueurs hissèrent
José Arribas sur leurs épaules pour un triomphal tour d’honneur.
Le soir, les scènes de liesse se multiplièrent dans la ville,
un feu d’artifice fut tiré et on dansa sur les places tandis
que dans les bars le muscadet coulait gaiement. « Nantes, ce soir-là,
c’était Rio de Janeiro », dira Jean Guillot qui, plus
tard, se retira à Montmorillon, où il s’est éteint,
il y a dix ans.
La fiche du match :
A Marcel-Saupin : Nantes bat Sochaux 2-0.
Buts de Guillot (19è sur pen), Boukhalfa (35è).
17.950 spectateurs. Arbitre : Bonnillon.
Nantes : Eon – Bout, Gonzalès, Jort –
Markiewicz, Suaudeau – Couronne, Guillot, Santos, Blanchet, Boukhalfa.
Sochaux : Hugues – Bosquier, Molla, Gester –
Kristic, Quittet – Lickel, Bourdoncle, Liron, Latron, Schmitt.
Absents pour ce match, André
Strappe, Philippe Gondet et Gilbert Le Chenadec avaient également
pris une part très active au parcours nantais.
Le mardi suivant le FC Nantes fit
la « une » de France Football pour la première fois
de l’histoire du club.
|