Vous attendiez-vous à ce
que votre équipe effectue un aussi bon match contre
Rennes ?
_ Les joueurs sont allés au-delà de mes espérances.
Je savais qu’ils étaient prêts, qu’ils
avaient acquis de la confiance, je ne pensais pas qu’ils
étaient déjà capables de fournir une
telle partie. C’est bien, je suis fier de mon équipe.
Vous donnez-vous de nouveaux objectifs ?
_ Non, non. Pour l’instant il faut d’abord penser
à laisser trois clubs derrière nous et donc
absolument éviter de s’enflammer. Je l’ai
dit : nous n’avons pas une équipe pour être
champion de France, mais si elle joue sur sa valeur elle
obtiendra mieux que la 17è place. Ou que la 15è
comme actuellement. Reste qu’il faut bien garder le
classement en tête et savoir d’où nous
revenons. Il nous manque encore des points pour qu’on
puisse se permettre de prétendre à mieux que
le maintien, le seul objectif que tout le monde évoquait
il y a encore une semaine. Ne brûlons pas les étapes.
Le championnat n’est pas terminé, ce n’est
pas parce que nous avons battu Rennes que nous sommes sauvés.
De la même façon d’ailleurs, nous n’aurions
pas été automatiquement condamnés en
cas d’échec. Sachons voir plus loin que le
simple résultat d’un match.
Sur quelle notion aviez-vous insisté au cours
de la préparation ?
_ Depuis que nous sommes ensemble, je parle surtout de plaisir.
Il faut en prendre, il faut en donner. Je parle aussi de
jeu. Le plaisir, plus le jeu, plus la confiance, cela donne
souvent des victoires. En tout cas, ça permet d’exprimer
le meilleur de ses possibilités. Je crois que nous
sommes sur la bonne voie. Mieux : je le répète,
les garçons ont assimilé le message plus vite
que je ne l’espérais.
Nantes a évolué dans un système
en losange, avec Yapi et Toulalan en pointe, l’un
comme offensif, l’autre comme défensif. C’est
une formule appelée durer ?
_ Pas forcément. Nous l’avions adoptée
en fonction de la façon dont joue Rennes. Nous voulions
les surprendre et les déstabiliser. Notre formule
peut évoluer, par rapport à nous et aussi
en fonction de l’adversaire.
Il reste que Yapi, dans ce système s’est
montré convaincant
_ C’est simple : j’ai essayé de le faire
jouer en fonction de ses qualités. Il avait été
recruté comme meneur de jeu, à ce que je sache,
et il aime le jeu court. Eh bien, j’essaie de le placer
dans un contexte favorable. En fait, j’ai discuté
individuellement avec tous les joueurs et je leur ai demandé
ce qu’ils aiment le mieux faire, le registre où
ils se sentent le plus à l’aise. Je m’efforce
de répondre à leur attente et à leurs
goûts, de les situer dans les meilleurs conditions,
tout en sachant évidemment qu’il existe aussi
des impératifs collectifs.
Vous semblez aussi décidé à
faire confiance aux jeunes, à Keseru notamment
_ Claudio, je sais ce qu’il sait faire. Je connais
son potentiel, son bon esprit aussi et il sera sans doute
appelé à jouer de plus en plus souvent. Il
a marqué à Clermont, il a marqué contre
Rennes et cette réussite va accroître sa confiance.
Face à Rennes, j’ai effectivement donné
sa chance en fin de rencontre à Ca, un autre joueur
de 18 ans. Quand je l’ai fait rentrer, je misais sur
lui pour aller chercher les ballons dans les pieds des adversaires
afin de les empêcher de développer leur jeu.
Il ne m’a pas déçu, il l’a même
si bien fait qu’il a connu quelques petits problèmes.
Peut-on dire qu’il y a déjà
une patte Le Dizet dans cette équipe ?
_ Ce serait prétentieux. Il y a davantage une empreinte
du staff. On essaie de reprendre confiance et plaisir, j’y
reviens. Il y a eu Clermont, ce fut difficile, Bastia, ce
fut un peu mieux et cette rencontre face à Rennes
où on a franchi une étape. Les trois points,
quatre en deux matches, devraient nous permettre de prendre
encore plus confiance.
Avez-vous ressenti une émotion particulière
en vous asseyant sur le banc de l’entraîneur
de Nantes à la Beaujoire ?
_ Je ne peux pas prétendre le contraire. Cependant,
je suis resté assez serein, je n’ai pas été
inquiet en tout cas. En toute modestie, je percevais que
le groupe était sûr de lui, bien dans sa tête,
qu’il était déterminé et qu’il
allait faire du jeu. Pas forcément autant mais qu’il
allait en faire. Alors, je me sentais calme, tranquille.
Et le match achevé, franchement, j’étais
content. Et fier de l’équipe, je le redis.
Il s’est produit une véritable communion entre
elle et le public et c’est très important que
le courant soit aussi bien passé.
Recueilli par B.V.
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