Serge Le Dizet, quels sentiments prédominent chez vous après cette folle soirée ?
Le bonheur, bien sûr, mais aussi la fierté. Je suis fier d'avoir contribué à sauver de la descente ce club que j'adore et qui m'a tout donné. Quand je voyais la situation où il se trouvait, j'en étais malade.
Avez-vous eu l'impression que plus le match approchait, plus l'équipe reprenait conscience de la possibilité de rétablir la situation in extremis ?
On a oeuvré dans ce sens. Je me suis inspiré de l'exemple de Liverpool face à Milan, je l'ai dit. Après Sochaux, nous étions comme les Reds à la mi-temps de leur finale face à Milan. Nous étions menés 3-0. Comme eux. Et nos supporters pleuraient. Comme les leurs. Mais Liverpool a tout de même continué à y croire et il a renversé la montagne. C'est ce scénario qui devait nous inspirer. D'ailleurs j'avais fait réaliser le montage d'un petit film sur ce thème et nous l‘avons fait visionner aux joueurs. Le message, c'était : rien n'est irréversible. C'était notre rôle de re-mobiliser les joueurs et je crois que petit à petit, jour après jour, nous les avons ramenés à la vie. C'était difficile : un moment on y croyait, un autre on n'y croyait plus et puis l'instant d'après on y re-croyait… Finalement, nous sommes parvenus au but. Bien sûr, il nous fallait aussi l'aide des autres résultats et à ce sujet je remercie Istres et Strasbourg d'avoir joué le jeu jusqu ‘au bout. Mais je me disais que les résultats ne pouvaient pas nous être sans cesse contraires, comme c'était le cas depuis plusieurs semaines. J'ai tout de même une pensée pour mon ami Jacky Duguépéroux, je le remercierai.
C'est le plus beau match de votre jeune carrière ?
Cela peut pas être autrement ! Mickaël Landreau, Nicolas Savinaud, Fred Da Rocha et Georges Eo ont connu le titre de 2001 et ils ont dit que le final face à Metz était encore plus beau. Alors, pensez, moi qui n'ai que cinq mois de carrière…On a fait, tous ensemble, quelque chose de grand, c'est sûr. Maintenant, pour ce qui est du match lui-même, je veux dire du jeu, c'est vrai que nous n'avons pas accompli notre plus belle prestation. Mais il ne pouvait pas en aller autrement, la victoire était trop importante. L'enjeu nous a crispés, plus que jamais, et c'est déjà magnifique d'avoir marquer ce but, plutôt joli d'ailleurs, et d'être parvenu à le conserver, sans connaître de trop grandes frayeurs, en restant unis.
Votre prédiction du début, « ça se jouera peut-être au cours de la dernière journée », s'est vérifiée
J'ai dit ça le 3 janvier, lorsque j'ai pris l'équipe en mains. Les gens ont cru que c'était une boutade, j'étais pourtant très sérieux. D'ailleurs à l'époque notre situation n'était pas très amusante, on n'avait pas envie de se marrer. Il n'empêche que si je pensais que oui, ça pouvait se jouer contre Metz, je croyais qu'au pire on aurait encore notre destin entre les pieds. Là, ce n'était même plus le cas. Ce n'en est que plus fort, que plus beau.
Il va falloir tirer des enseignements de cette saison
Il le faudra évidemment. Mais d'abord, j'ai envie de savourer. Pendant cinq mois, j'ai franchement tout donné. Alors, dans l'immédiat, je vais décompresser un peu. Mais je sais aussi qu'il va falloir aller vite : on a créé quelque chose, soudé un groupe, il faut travailler sur cette base, sans perdre de temps.
C'est une expérience qui pour le groupe peut se révéler enrichissante ?
On peut le penser, oui, mais on ne le saura vraiment qu'après. C'est l'avenir qui nous le dira. Pour l'instant, on a accompli une mission, on en sort grandi, c'est déjà un beau sujet de satisfaction.
Recueilli par B.V.
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